Internes surmenés, patients en danger ?

hopital interne

Les internes des hôpitaux montent au créneau. Ils dénoncent des conditions d’exercice qui, selon eux, mettraient en danger la santé des patients.

Décryptage :

Les résultats d’une enquête nationale réalisée par l’Inter syndicat national des internes des hôpitaux (ISNIH) font froid dans le dos. L’application obligatoire du repos de sécurité, inscrite dans la loi depuis 10 ans, ne serait tout simplement pas respectée. Celle-ci stipule l’interruption totale de toute activité hospitalière et universitaire pendant 11 heures, immédiatement après une période de garde de 24 heures. À en croire l’étude rendue publique le 11 septembre dernier, le compte n’y est pas. 20% des internes ne peuvent pas prendre ce repos de sécurité, et ce « au détriment de leur propre sécurité et surtout de celle du patient », alerte François Petitpierre, président de l’ISNIH. On recense tout particulièrement cette dérive dans les disciplines chirurgicales, en gynécologie-obstétrique et dans certaines spécialités médicales (cardiologie, hématologie, médecine physique et de réadaptation, neurologie).

Que cachent ces chiffres ?

L’étude stigmatise un manque d’organisation des services. Mais pas seulement. Les chefs de service sont aussi montrés du doigt : pour 24 % des internes, l’obligation de présence sur le temps de repos de garde vient d’une injonction forte de leurs supérieurs, « preuve de l’existence encore trop fréquente de fonctionnement féodaux dans certains services ». Un élément intéressant ressort également de l’étude : 37% des internes eux-mêmes connaissent imparfaitement la définition légale du repos de sécurité. 24% pensent même qu’il est possible de rester à l’hôpital durant cette phase de repos pour exercer des tâches administratives…

À l’arrivée, 15% des internes déclarent avoir commis des erreurs médicales de prescription, de diagnostic ou d’acte opératoire en lendemain de garde. 11 % d’entre eux racontent aussi avoir eu des accidents de la route, 15 % des accidents domestiques et 3% des accidents corporels. Voila des chiffres auxquels les pouvoirs publics vont devoir prendre garde. L’ISNIH ne manque d’ailleurs pas de stigmatiser le silence, voire la complicité des tutelles, tant hospitalière qu’universitaire, depuis des années.